David Maljković
L’exposition à faire / The Exhibition Is Becoming


2016.01.14 — 2016.04.16


VOX, centre de l’image contemporaine

L’exposition comme pratique artistique est loin d’être un phénomène nouveau si on considère que, dès le XIXe siècle et tout au long du XXe siècle, des artistes ont élaboré des dispositifs expérimentaux qui ont contribué à radicaliser ses formes et ses conventions. Tout en adhérant à cette pratique, David Maljković apporte dans son travail récent de nouvelles balises au questionnement : il conçoit de minutieuses scénographies qui se présentent, notamment, comme un commentaire sur l’exposition. Ce faisant, sa pratique relève de la méta-exposition puisque l’enjeu qui la détermine est celui de l’exposition elle-même. C’est une exposition à propos de l’exposition.

Pour sa première présentation majeure au Canada, Maljković a conçu une exposition spécifique qui s’offre à la manière d’un jeu complexe de formes et de références. Si les composantes qui la caractérisent – cubes blancs, socles, écrans, plateformes, enceintes acoustiques, projecteurs – sont le plus souvent observées par les spectateurs ou utilisées par les commissaires d’exposition en tant que dispositifs généralement neutres, Maljković démontre qu’elles constituent en fait une réalité autonome, ancrée dans l’histoire du modernisme et susceptible de faire surgir des souvenirs d’autres expositions.



Ainsi, lorsque Maljković organise une exposition de son travail, il montre les traces de ses expositions précédentes ; lorsqu’il conçoit une nouvelle installation, il la considère comme la composante d’une exposition globale ; et, lorsqu’il réexpose une œuvre, il la propose comme une séquence d’hypothèses de la même œuvre en devenir.

L’exposition, ainsi considérée comme un processus, devient ce mode à travers lequel l’œuvre se (re)produit sans cesse et, par conséquent, demeure inachevable. Il faut s’y résigner, produire une œuvre d’art aujourd’hui signifie que l’artiste doit s’engager dans une entreprise sans fin puisque, soumise à des actualisations successives, l’œuvre est contrainte de se répéter en intégrant chaque fois de nouvelles variables.


Suite




The exhibition as an art practice is hardly a novel phenomenon when one considers that, beginning in the 19th century and throughout the 20th, artists developed experimental apparatuses that contributed to radicalizing its forms and conventions. The recent work of David Maljković adheres to that practice while at the same time expanding the field of questioning: he stages meticulous environments that manifest themselves, among other things, as commentaries on the fact of exhibiting. As such, his art is about meta-exhibition, because its undergirding issue is exhibition. In short, they are exhibitions about exhibition.

For his first major show in Canada, Maljković has developed a specific exhibition that unfolds as a complex array of forms and references. Its components—white cubes, pedestals, screens, platforms, loudspeakers, projectors—are typically viewed by spectators, or used by exhibition curators, as generally neutral display devices, but Maljković demonstrates that they are in fact an autonomous reality, rooted in the history of Modernism and likely to spark memories of other exhibitions. Consequently, when he mounts an exhibition of his work, he shows the traces of his previous shows; when conceptualizing a new installation, he considers it as a component of a global exhibition; when showing a work on a new occasion, he posits it as a sequence of hypotheses of the same work in the process of becoming. Viewed thusly as a process, the exhibition is the method by which the work is (re)produced again and again—so it remains unfinishable. Because it is clear that making a work of art today signifies that the artist must engage in an undertaking without end, considering that, in being submitted to successive actualizations, it is bound to repeat itself and incorporate new variables each time.

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